Comment le renouvellement des flottes avec des avions de nouvelle génération permet-il aux compagnies aériennes de répondre concrètement aux enjeux de décarbonation ?
Le renouvellement des flottes avec des avions de nouvelle génération est un levier central pour permettre aux compagnies aériennes de répondre aux enjeux de décarbonation. L’A220, l’A320neo, l’A330neo ou l’A350, par exemple, consomment en moyenne 15 à 25 % de carburant en moins que les générations précédentes.
Cette performance s’explique par des moteurs plus efficaces, une aérodynamique optimisée et l’usage de matériaux plus légers. En conséquence, les émissions unitaires de CO₂ par passager ont chuté de 31 % depuis 2000.
Mais le renouvellement des flottes ne vise pas seulement une meilleure efficience énergétique : il conditionne aussi l’intégration des carburants d’aviation durables (SAF), levier central de la décarbonation. Aujourd’hui, les SAF peuvent être utilisés jusqu’à 50 % en mélange avec le kérosène conventionnel.
Les nouvelles générations d’appareils ont été conçues pour faciliter à terme l’usage de 100% de SAF, en lien avec l’évolution des normes de certification attendues d’ici 2030.
Le renouvellement des flottes contribue aussi à limiter d'autres polluants, notamment les oxydes d’azote (NOx), responsables d’effets climatiques indirects. Il réduit également les nuisances sonores et les émissions locales de particules fines, ce qui est essentiel pour l’acceptabilité des plateformes aéroportuaires.
Enfin, cette démarche permet aux compagnies de répondre aux exigences croissantes des régulateurs (ReFuelEU Aviation, marché carbone ETS) et d’optimiser leurs coûts à long terme, tout en renforçant leurs performances environnementales. C’est un levier concret, immédiatement mobilisable, au cœur de la trajectoire de décarbonation du secteur aérien.


Quels leviers prioritaires les compagnies activent-elles au-delà de la flotte pour réduire l’impact de leurs activités sur l’environnement ?
Les compagnies aériennes activent plusieurs leviers opérationnels pour réduire rapidement leur empreinte environnementale.
En vol, elles mettent en œuvre des procédures d’éco-pilotage (montées et descentes continues, gestion optimisée de la vitesse et de l’altitude), adoptent des trajectoires plus directes et réduisent la masse embarquée grâce à l’allègement des équipements. Au sol, elles généralisent des pratiques plus écologiques (utilisation d’un seul moteur, tractage, repoussage électrique), limitent le temps de roulage et remplacent progressivement leurs équipements par des solutions électriques ou hybrides permettant de limiter le temps d’utilisation des APU lors des escales.
Ces actions permettent des gains immédiats en CO₂, pouvant atteindre 3 à 5 % par vol.
En parallèle, les compagnies s’engagent dans la transition énergétique, en signant des accords d’approvisionnement à long terme avec les producteurs de SAF, en cofinançant des filières locales ou européennes de production, et en l’incorporant progressivement sur certaines lignes régulières, qu’elles soient opérées sur des hubs majeurs ou des lignes secondaires.
Certaines proposent aussi des offres de compensation carbone volontaire, soutenant des projets de reforestation, de biodiversité ou d’absorption carbone, ou bien des offres commerciales incluant une part de SAF ou de contribution climatique.
Ces démarches complémentaires s’inscrivent dans une trajectoire progressive mais structurée vers la décarbonation du transport aérien.
Les carburants durables (SAF) sont présentés comme un levier clé pour l’avenir. Quels sont les projets en cours ou à venir autour de ces carburants innovants ?
Les carburants d’aviation durables (SAF) constituent le principal levier identifié par la filière pour atteindre la neutralité carbone du transport aérien à l’horizon 2050.
Pour répondre à cet enjeu, plusieurs projets structurants sont en cours ou en préparation à l’échelle nationale et européenne. La filière appelle à un accroissement rapide de la production, en lien avec les objectifs fixés par le règlement européen RefuelEU Aviation : 6 % de SAF (dont 1,2 % d’e-fuel) en 2030 et 20 % (dont 5 % d’e-fuel) en 2035.
Afin d’atteindre ces objectifs, les acteurs du secteur (compagnies, producteurs, industriels) signent des accords d’approvisionnement de long terme, cofinancent des filières locales et soutiennent la R&D sur les biocarburants avancés et e-fuels. Le développement d’une capacité de production nationale est également jugé stratégique pour la souveraineté énergétique, la création d’emplois et la compétitivité.
Cependant, le marché reste encore assez immature et limité en volume. La filière appelle donc à la mise en place de mécanismes de soutien spécifiques (subventions à la production, contrats de type Contracts for Difference, garanties de prix), afin de combler l’écart de coût important avec le kérosène fossile.
Le développement des SAF s’appuie aussi sur des initiatives européennes telles que les alliances RLCF (Renewable and Low Carbon Fuels) et AZEA (Alliance for Zero Emission Aviation), ainsi que le programme SkyPower, qui visent à structurer un cadre industriel, réglementaire et financier adapté.
Enfin, des enjeux cruciaux de répartition de la biomasse, de tarification de l’électricité bas carbone pour la production d’e-fuels, et de cohérence réglementaire à l’échelle européenne sont encore à résoudre pour sécuriser la trajectoire de montée en puissance du SAF.
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